La baballe voyageuse

Ma chère épouse me racontait, qu’étant gamine, elle avait un jour envoyé une balle en l’air et que celle-ci n’était jamais retombée !
Elle prétendait mordicus que la main de Dieu lui avait chouravé sa baballe...
Il fallait bien trouver une explication et celle-ci lui paraissait évidente et conforme à ses convictions...
Je m’étonnais quand même que Dieu puisse se livrer à un pareil petit jeu, aussi futile.

Et pourtant, c’est l’homo sapiens qui a réussi pour la première fois, en 300.000 ans, cet exploit fabuleux d’envoyer dans l’espace un bidule qui ne reviendra jamais sur notre chère petite terre.

Le public s’en fout... Quelques lignes dans les médias pour saluer l’évènement et on passe à autre chose : La Syrie, Flamby le magnifique, la crise, les roms, le déficit, les revendications légitimes, le réchauffement, le terrorisme, les seins de X, le genre, le divorce de machin-chouette, les impôts, les colères de BB et tout le reste...

Toutes ces technologies découvertes par l’homme et perfectionnées de génération en génération, la radio, l’informatique, les science de la matière, ont permis de fabriquer cet affreux bidule en forme d’insecte et de l’expédier au delà du système solaire, avec la certitude qu’il ne reviendra jamais !

Bien sûr, cette sonde Voyager 1, lancée en 1977, qui se situe actuellement à 19 milliards  de kilomètres de notre soleil, provoque déjà une certaine polémique.
Des experts contestent sa  sortie de l’héliosphère, laquelle semble assez mal définie d’ailleurs et prédisent que cette sortie vers l’espace sidéral infini devra attendre 30 ou 40.000 années ...
Bon! peu importe.  L’essentiel est qu’elle est bien partie, pour ne plus revenir, suivie par sa petite soeur Voyager 2, pour ne plus se faire griller dans notre atmosphère comme toutes leurs copines.

Pour moi, c’est un évènement fabuleux, qui éclipse tous les autres et qui devrait prouver au monde entier, ce que l’homo sapiens est capable de réaliser, dans la paix et la coopération de ses cerveaux.

Et je frémis en pensant que cette bestiole sophistiquée pourrait se fracasser sur un petit astéroïde baladeur, ou se faire phagocyter par un monstre planétaire !

A moins qu’elle ne nous revienne avec une belle étiquette portant la mention :
“Please, would you be kind enough to keep your garbage at home”
...en anglais, évidemment !
Ou en américain :” Stop your dirty trash business !”