mardi 2 décembre 2008

la saga de l'entreprise familiale

HISTORIQUE DE LA CETA
« COMPAGNIE CENTRALES DES ÉMERIS ET TOUS ABRASIFS »
connue à Paris sous le nom « les émeris ».

1814 - La première exploitation industrielle de produits abrasifs est fondée par Monsieur François FREMY, lequel dépose la marque à son nom.
Bureaux et ateliers sont installés au 23 de la rue Beautreillis, dans le 4ème arrondissement de Paris.
Les produits fabriqués sont tout d’abord les “papiers de verre“,
et “émerisés“ et ensuite, les toiles à polir, les abrasifs en grains, les poudres et potées à polir et enfin les meules artificielles, appelées “meules d’émeri“…
La fille de F.Fremy, Louise, hérita de l’affaire.
Elle épousa Louis DUMAS, mais demeura le vrai patron.
Elle acquit un terrain important dans le village d’ IVRY, sur lequel elle fit bâtir de nouveaux ateliers et un pavillon d’habitation avec jardin, pour sa famille et une écurie pour six chevaux de travail !
Son fils qui devait lui succéder mourut vers 1877.

Désirant se retirer des affaires et étant en relation avec un certain Charles LEMERLE, celui-ci acquit la société dans le but d’établir son fils Louis, officier d’artillerie, dans le monde de l’entreprise.
Louise Dumas le “coacha“ pendant deux ans avant de se retirer.

Louis LEMERLE, diplômé de Polytechnique fit passer l’entreprise de l’ère artisanale à l’ère industrielle.

1894
1895 – Période d’expansion avec l ‘acquisition des Sociétés :
- NAVARRE –fondée en1835
- CHÂTEAU - fondée en1840
- Sté DES ÉMERIS DE L’OUEST – fondée en 1875
Cette société avait mis au point un procédé d’agglomération à base de gomme laque permettant la fabrication de meules à grand débit, réduisant massivement les coûts d’usinage.

Louis LEMERLE fusionne ces sociétés dans une société anonyme:
“COMPAGNIE CENTRALE DES ÉMERIS ET PRODUITS A POLIR“,
administrée par les propres chefs des maisons associées et présidée par Louis LEMERLE jusqu’à sa mort en 1924.
1898 – La nouvelle société centralise ses principales fabrications à Paris, 135 boulevard Sérurier, dans une usine qui marque une date dans la construction en béton armé.
1899 – Un autre établissement se joint au groupe, exploité par Monsieur Charles HAUMONT qui devient Directeur Général, puis Président, à la mort de Louis LEMERLE.
1930 – Absorption de la société LE GALET DE MER FRANÇAIS qui exploite un large gisement de silex au Hourdel, sur l’embouchure de la baie de Somme. Ces silex, broyés et calibrés servaient à la fabrication des papiers dits « de verre », mais aussi au sablage des coques de navires.
- Absorption de la compagnie de C.HAUMONT, spécialisée dans les colles et gélatines, à LA COURNEUVE. (date incertaine).
- Absorption également de la société FORTIN-SAUNIER (date incertaine), spécialisée dans les meules de grès naturel.
1939 – Charles HAUMONT se retire et passe le flambeau de la présidence à Jacques LEMERLE., mon père.
Celui-ci dirigea la Division Abrasifs Appliqués et son frère Paul la Division Meules et produits agglomérés.
- Participation à 45% de la compagnie milanaise SOCIETA ITALIANA SMERIGLIO : céramiques, sanitaires, etc.

Puis… la guerre.
Je passe sur les péripétie de cette période : transfert précipité de l’outil de production à Redon, retour à Paris, destruction de l’usine du HOURDEL par la R.A.F.,etc.

L’après-guerre
L’entreprise ne retrouva plus son lustre d’antan.
Reconstruction du Hourdel – Déficit permanent de la Division Meules, concurrencée par les Américains, les Allemands et les Suisses, avec une technologie de plus en plus pointue – Disparition progressive du marché rentable des toiles et papiers domestiques - incendie de septembre 48 qui détruisit les grandes chaînes de production des abrasifs appliqués – vieillissement de mon père et sentiment de ras–le-bol devant l’incapacité de certains de ses collaborateurs, etc.

Celui-ci repris des contacts amicaux, amorcés avant-guerre avec Mr. McKnight, pdg fondateur de la MINNESOTA MINING & MANUFACTURING CO. à l’époque où les deux compagnies « pesaient » sensiblement le même poids.
Deux années d’intenses pourparlers.
Moi-même servant d’interprète occasionnel et travaillant à La Courneuve, avec l’aide d’un ingénieur d’origine polonaise – sympa, mais tête de lard - à la mise au point d’un hypothétique ruban adhésif destiné à peser dans la balance des négociations.
… et mon affreux ruban, unique prototype, pesa, avec la menace de nous lancer dans cette nouvelle voie concurrentielle !

En effet, la nouvelle loi “anti-trust“ américaine avait fait éclater le consortium DUREX , permettant aux deux sociétés Minnesota et Behr Manning-Norton de s’implanter en France.
Faute d’un accord raisonnable , nous aurions pu faire payer très cher notre improbable survie.
C’est ainsi qu’à son tour, la belle entreprise familiale disparue sous le capot de la belle américaine.
CETA devint ABRASIFS 3M CETA, puis 3M.
Et ce fut le début de ma carrière dans la “COM“,

Pour plus de détails, consultez ma brochure :
« 36 ans dans le ventre du diplodocus »

lundi 1 décembre 2008