vendredi 2 janvier 2009

fiction géopolitique


En ce temps-là, la guerre mondiale, totale, atteignait son paroxysme.
L'humanité avait lâché tous ses démons.
Les conflits ethniques, les rancoeurs collectives, les intégrismes religieux, les intérêts économiques, avaient brisé les remparts politiques et moraux. La planète flambait d'un horizon à l'autre.
Seule régnait la haine.
Cela avait commencé au Moyen-Orient:
Les palestiniens de la nouvelle Cisjordanie indépendante n'avaient jamais renoncé à la conquête et à l'éradication d'Israël. Toutes les solutions diplomatiques bâtardes, n’avaient fait qu’attiser les frustrations palestiniennes.
L'intransigeance de l'état hébreu, allant toujours au-delà de ce que les adversaires peuvent accepter, fournissait les prétextes pour en découdre !
La guerre reprit de plus belle.
Mais l'appui massif aux Palestiniens de la Syrie, et de l’Algérie islamistes, avec la menace concrète de l’arsenal nucléaire iranien, rendit très précaire la survie d'Israël, contraignant les U.S.A à intervenir.
Les "moms" refusant d'envoyer leurs "boys" se faire tuer une fois de plus à l'autre bout du monde, manifestères en vain.
Si l'intervention musclée de l'armada américaine avait momentanément sauvé Israël, elle avait accéléré la formation d’une coalition arabe, islamiste, au formidable potentiel militaire, résolument anti-sioniste, anti-capitaliste et anti-occidentale.

Les monarchies du Golfe furent envahis et cette coalition pris le contrôle du pétrole, obligeant la Turquie musulmane à entrer dans la danse.
Parallèlement, chiites, sunnites et wahhabites se kamikazais allègrement !

Bien évidemment, la plupart des pays d'Europe se mobilisèrent aux côtés des U.S.A. et envoyèrent des contingents proportionnels à leur potentiel économique et à leur volonté politique d’engagement.

L'intervention des républiques slaves entraîna la réaction armée de tous les musulmans de l'ancien empire soviétique et même d’une partie des provinces chinoises de l’ouest.

La guerre s'étendit vers le Nord et vers l'Est.

Au Sud, l'Islam "intégriste" se déployait sur l’ensemble du Maghreb et gagnait le centre de l’Afrique noire.
L'Égypte, à contrecoeur, poussée par sa population attaquait Israël par le sud. Kadhafi, le dictateur lybien, avait disparu, victime d'un groupe d'officiers appuyés par la C.I.A., mais les islamistes avaient comblé le vide et pris le pouvoir.
Seul le Maroc avait résisté quelque temps, mais le roi fut assassiné et découpé en rondelles, distribuées aux chiens errants de Rabat.
La diplomatie française exprima sa "profonde préoccupation".
La vague triomphante de l'Islam recouvrit le Maghreb, qui unifiée sous le signe du Croissant, attaquait l'Europe. Bien équipées d'armes modernes, les forces de l’islam avaient installé de puissantes têtes de pont, en Sicile, à Malte, en Sardaigne et en Albanie. Puis, elles envahirent la péninsule ibérique, l’Italie du Sud et l’ensemble des Balkans, malgré une résistance féroce des Serbes.
Les maffias siciliennes et calabraises avaient favorisé l'invasion des forces du Croissant, s'illusionnant sur les avantages qu’elles pouvaient en tirer.
Les nombreux immigrés des pays d'Afrique du nord, ayant eu un rôle prépondérant dans l’espionnage, la logistique et le terrorisme actif furent internés dans d’immenses camps de concentration.
L’envers du succès islamique fut la constitution rapide d'un "Front Noir", associant tous les états d'Afrique Noire non musulmans, sous l’égide de la République Sud-africaine. Cette gigantesque coalition, disparate, aux moyens techniques rudimentaires, ouvrait un second front par le sud.
La détermination, la férocité, et la violence des différentes ethnies noires, lesquelles se battaient aussi entre elles, à l’occasion, faisaient trembler les armées de l'Islam, prises à revers.
La plupart des Etats possédaient l'arme nucléaire, mais son caractère toujours aussi dissuasif interdisait à quiconque d'oser appuyer le premier sur le fatidique et irréversible bouton ! Les armes chimiques et biologiques avaient bien été utilisées, mais s'étant avérées aussi dangereuse pour l'expéditeur que pour le receveur, elles avaient été abandonnées.
Les combats en configuration "conventionnelle" étaient d'une incroyable cruauté.
II n'y avait plus ni civils, ni militaires. Ce n'était partout que massacres au couteau, à la hache, au lance-flammes. Les femmes étaient systématiquement violées, éventrées - d’autant plus que les unités combattantes féminines, les “Amazones” se révélaient particulièrement audacieuses et sanguinaires - Les enfants égorgés ou écrasés, les hommes empalés ou torturés de mille façons. C'était la routine quotidienne.
La guerre s'installait, s'enlisait. Victoires et défaites se succédaient. Les morts s’amoncelaient. Mais les nuages toxiques de la guerre enflammaient d'autres régions. Les conflits locaux s'exacerbaient. Serbes et Croates, loin de s’unir face à l’invasion des armée de l’Islam, s'entretuaient. Les Kurdes, bien armés, attaquaient la Turquie, ivres de vengeance. Le Pakistan avait rejoint la coalition musulmane.
La péninsule arabique n'était plus qu'un gigantesque incendie : Les puits de pétrole étaient tous en feu. L'Inde attaquait le Pakistan, mollement, étant trop occupée par ses sanglants conflits internes.
La Chine prenant prétexte de la coalition musulmane asiatique contre les républiques slaves, s'efforçait d'étendre ses frontières vers l' Ouest, massacrant ses propres musulmans et pénétrant par la force dans les territoires de l'ex- URSS et vers le Nord, envahissant la Mongolie.
Tandis que son alliée, la Corée du Nord s'emparait de Vladivostok, provoquant une réaction immédiate du Japon et de la Corée du Sud, qui appuyèrent leur ultimatum à Pékin d'un bombardement aéronaval massif sur les villes et les ports de la côte chinoise.
Pékin, La glorieuse capitale nouvelle, fut détruite.
Le Vietnam en profitait pour envahir à nouveau le Cambodge, menacer le Laos, tandis que les Khmers rouges reconstitués, en accord avec la Birmanie, s'infiltraient massivement en Thaïlande ! Seuls, les pays d'Amérique latine restaient en dehors du conflit mondial, mais les révolutions sociales internes et la révolte généralisée des ethnies indiennes, avaient gagné tout le continent et pris une telle ampleur, avec l'aide occulte du Front Noir africain, que l'on pouvait considérer ce phénomène comme une guerre dans la guerre mondiale.

Alors, le "bruit" se fit entendre...

Tout d'abord, une sorte de stridence continue, comme le son provoqué par un jet de vapeur sous pression.
Ce bruit, encore faible quoique lancinant, fut signalé sur plusieurs points du Moyen-Orient. La population ne fut pas vraiment gênée, mais plutôt étonnée, s'interrogeant sur la provenance de ce bruit agaçant. On pensa généralement qu'il s'agissait de quelque puits de pétrole lointain qui laissait fuser son gaz. Les autorités, priées de donner quelques explications, n'en donnèrent aucune, embarrassées qu'elles étaient puisque ni les militaires, ni les scientifiques, ni les industriels ne purent fournir la moindre explication sur cet étrange sifflement. Il semblait provenir de nulle part, mais se faisait entendre de partout !
Les nouvelles de la guerre, l'angoisse quotidienne, occupaient suffisamment les esprits pour que ce hurlement continu passe au second plan et ne soit en définitive considéré que comme une des nombreuses nuisances inhérentes à cet état de guerre. Mais les gens commençaient à s'énerver, d'autant plus que le bruit était devenu plus audible, plus strident.
C’était maintenant un véritable cri et les rumeurs allaient bon train: on l'entendait, parait-il, même au-delà des mers.
Et le cri s'amplifiait, très légèrement, de jour en jour et devenait de moins en moins supportable !
A ce stade, il fallait bien trouver une explication.
Puisque personne n'était capable de dire d'où venait ce bruit, quelle était sa nature et qui le provoquait, il venait à l'esprit des autorités les plus bornées que cela ne pouvait venir que "d'en face" et que c'était probablement une nouvelle invention des spécialistes occidentaux de la guerre psychologique et de l'Intox.
Ce fut la version officielle. On argumenta sur l'infantilisme des Occidentaux et leurs illusions. sur l'efficacité de pareils gadgets pour briser la détermination islamique dans la victoire finale. Cela fut mis en forme médiatique et largement diffusé par la presse et par la sono des minarets. Cette version fut absorbée comme il convient et l'on constata un certain apaisement général... mais le cri cassait toujours les oreilles et montait encore d'un cran.
Le cri s’étendait maintenant sur l’ensemble de la planète !... Par delà les océans, au travers des batailles et des bombardements, tous les moyens de communication mondiaux se connectèrent, s'interrogèrent. LE CRI était partout, inondait les bons comme les méchants, le Croissant comme la Croix, les jaunes comme les blancs et les noirs... Et chaque jour, son intensité montait de quelques décibels...
C'était devenu un cri inhumain, ou plutôt trop humain, une stridence de souffrance absolue, qui perçait les cervelles et rendait fou.

Les stratèges de la guerre, les dirigeants politiques, les techniciens n'arrivaient plus à se concentrer sur leur travail et prenaient des décisions absurdes ou n'en prenaient plus du tout ! Les soldats ne savaient plus ce qu'ils faisaient. Ils erraient, hébétés, sur les champs de bataille, se massacrant parfois entre gens du même bord. Partout, c'était le chaos.
Et le cri aspergeait toujours plus de décibels. La panique submergea les foules. Les enfants hurlaient leur terreur. Les chiens, rendus fous, couraient dans les rues, mordant tout le monde. Des peuplades entières disparurent dans des suicides collectifs. Des rites anciens resurgirent… Des sacrifices humains destinés à apaiser la colère des Dieux.
Alors, comme une machine à court de carburant, qui hoquette et s'arrête, la guerre mondiale s'apaisa.
Il n'était plus question de se battre, mais de survivre... Mais que cesse ce cri infernal ! Curieusement, à mesure que s'arrêtaient les combats, il semblait que le cri baissait d'intensité . Etait-ce une sorte d'accoutumance ? Mais non. Les mesures chiffrées le prouvaient : partout où les combats cessaient, l'intensité du cri diminuait.
Alors, tous les soldats du monde jetèrent leurs armes, sortirent de leurs chars, embrassèrent leurs ennemis dans le silence retrouvé. Les gens couraient en tout sens, riant, s'étreignant.
Pourtant, le cri était toujours audible.
Ce n’était plus vraiment un cri.
C’était devenu une longue note grave, une longue plainte modulée.
Les gens l'aimaient, maintenant, cette voix. Elle était devenue familière. Elle menaçait et protégeait en même temps ! On voulait savoir. Qui ? Comment ? Où ? Le pourquoi semblait maintenant évident ! Les plus folles hypothèses furent avancées. Des rumeurs s'amplifièrent :
C'était des extraterrestres qui étaient intervenus pour sauver le monde !
Des scientifiques expliquaient qu'au-delà d'une certaine densité de coups de canons et de bombes, une sorte d'onde sonore pouvait se formée par la vibration de la haute atmosphère. Ils n'y croyaient pas eux-mêmes, mais les savants se doivent, bien sûr, d'avoir réponse à tout !

Seules, quelques personnes du Pentagone et des services secrets américains, russes et chinois savaient qu'une dizaine de savants du plus haut niveau, tous juifs, de différentes nationalités, avaient disparus...
Il y avait aussi cette batterie de satellites, mis en orbite par la Nasa et dont la justification scientifique ou militaire n'avait jamais été démontrée. Mais il valait mieux ne pas en parler... après tout, ce n'étaient que des hypothèses!
Les poètes disaient même que tous les dauphins de l'océan...

Dans les années qui suivirent, partout dans le monde, on construisit des incineriums robotisés qui brûlères les millions de cadavres sur des chaînes automatisées.

Les cendres de chaque individu étaient agglomérées avec de la résine synthétique, compactées et polymérisées dans des moules.
Il en résultait une brique normalisée, de couleur grise, gravée au nom du «client ».
Ces briques étaient ensuite utilisées dans la construction de gigantesque mémoriaux, nouvelles tours de Babel de la folie humaine. Chaque tour était couronnée d’une belle statue de marbre et d’acier, en forme de diapason. .






Nos voeux pour nos amis "overseas"