samedi 29 août 2009

le dessin du jour

la légende du joueur de flûte

jeudi 27 août 2009

Les avatars du commerce moderne

Ou: La conquête d'un pèse personne
comédie satirique et véridique...

ACTE 1 = Notre pèse-personne est mort…
Pas question de réparer…Ça ne se fait plus.
L’ouverture de la boîte coûte plus cher qu’un appareil neuf.
Bon, il faut s’y faire.

ACTE 2 = Visite chez Darty.
Une dizaine d’appareils alignés s’offrent à ma convoitise.
On dirait les girls de la madame-au-chapeau !
Je choisis l’un des deux modèles à cadran avec aiguille et qui ne parle pas.
J’aime voir l’aiguille monter, monter jusqu’au chiffre fatidique
et je n’aime pas les chiffres bruts qui vous arrivent brutalement dans la gueule.
On peut discuter avec une aiguille qui oscille, pas avec un chiffre péremptoire.
Idem pour les montres : les aiguilles évoquent la durée, les chiffres, l’heure de l’instant.



Il est joli, tout laqué blanc, son cadran, bien lisible, inspire confiance.
J’achète.

ACTE 3 = Recherche d’un vendeur. C’est une vendeuse, occupée à écouter une cliente racontant sa vie à propos d’un batteur à sauce électronique à puce (j’imagine…).
C’est long. Sa vie paraît complexe.
Enfin c’est à moi. Tapotage sur l’ordi. C’est long.
L’ordi proclame : pas disponible en stock. Délai 8 jour.
OK, je confirme. Paperasse, formulaires, je paye.

ACTE 4 = Semaine suivante, l’appareil est là.
Ou plutôt il m’attend dans l’antre du service livraison.
Petite chose perdue entre les armoires frigorifiques king-size et les machine à laver avec programmateurs multifonctions à commande vocale…
Mais pas touche avant nouvelle séance paperasse. Bon de garantie. Mise à jour de mes coordonnées. Dotation d’une carte Darty avec commentaires emphatiques sur l’immense honneur qui m’est dévolu.

ACTE 5 = Enfin, je peux délivrer cette petite chose, que je déshabille promptement chez nous. Carton, plastique, coquille, ciseaux, couteau, j’extrais enfin son beau corps tout nu.
Oh ! surprise…il n’y a aucune notice, ni mode d’emploi, ni même ces longues mises en garde sécuritaires qui vous découragent d’essayer le produit. (ne pas mettre le bébé la tête en bas…attachez le chat avant le peser, etc…)
Normal, me dis-je, c’est tout simple : on monte dessus et on regarde l’aiguille !
Et ça marche.

ACTE 6 = Ça baigne, mais cette petite carte plastifiée Darty m’intrigue.
Je visite le site. Mot de passe. Nouvelle surprise… un écran total apparaît avec toute mon « identification » : non, adresse, âge du capitaine, etc…et surtout la liste complète de tous les achats de matériels « durables » effectués par moi depuis 2001 Chapeau.
Là, s’étale mon pèse-personne, sa référence et en bout de piste « notice à télécharger ».. Evidemment-bien-sûr, j’avais oublié, c’est maintenant comme ça .
Le mode d’emploi, il faut se l’faire soi-même.
Je télécharge…38 pages !

ACTE 7 = 38 pages d’instructions, c’est vraiment un mammouth pour écraser une souris ! Je doute.
Je bascule l’ouvrage sur « aperçu », avec son tiroir et je parcours les pages.
Je découvre que sur les 38 pages, deux seulement sont en français.
Tout le reste est en moldo-slovaque, anglais, mongol, cyrillique, etc…

ACTE 8 = J’imprime et lis : « Les piles sont dans un sachet scotché au verso de l’appareil, ou bien préalablement insérées dans le compartiment à piles. »
J’ausculte la bête. Rien d’apparent. Son ventre est lisse comme celui d’une jeune fille ! Ni sachet, ni compartiment visible.
Logique,,, puisque c’est un mécanisme essentiellement mécanique !
Je retourne sur le site DARTY. Je compare la référence avec celle de ma facture : Rien d’anormal.
… sauf que cette référence est fausse et correspond à un autre appareil

CONCLUSIONS
Un quidam qui n’aurait pas d’ordinateur et une indifférence béton vis-à-vis de l’internet, ne se serait posé aucune question, aurait grimpé sur son pèse-machin acheté au bazar du coin et reluqué son poids en toute bonne conscience…