mercredi 8 juillet 2015

L'IMPOSSIBLE CRÉATION



A la vue de ces êtres impensables surgis du monde vivant, avec leurs facultés propres, souvent exclusives, la tentation est forte de se dire: pourquoi pas moi ?
Avec quelques dons d’imagination, je me suis dit: “moi aussi je vais créer des êtres jamais vus, ayant toutes les apparences de ces animaux ou plantes  surréalistes !”
Je m’en amuse depuis quelques décennies et j’ai regroupé sur ces deux planches mes réalisations les plus abouties.

Première constatation : Il parait impossible d’élaborer de telles créations, sans partir d’un concept existant.
Chacun pourra reconnaître dans chaque dessin l’être qui l’a  inspiré. ! Chameau, fleur, oiseau, humain, etc.
On ne peut ” imaginer” à partir de rien !
Cela se confirme dans toutes les activités humaine, que ce soit une machine-outil, un programme logiciel, ou les théories d’Einstein.
D’où l’espace exigu existant entre vraie création et plagiat.
Toute création bénéficie de l’apport d’une création antérieure.

Essayez de prétendre dessiner un nouvel “être vivant” à partir d’une forme...informe. Certains y verront une saucisse inspiratrice ou une larve de tel animal...et ils auront raison !
C’est d’ailleurs toute la vacuité de l’art purement “abstrait”.

Ainsi, la création n’est en fait qu’une recomposition ou une adaptation, peut-être multiple.
Ou encore, une fusion ordonnée, même inconsciente, d’éléments épars.

Deuxième constatation:
Devant ce deni de création pure, j’ai privilégié l’esthétique.
Ce vocable, véhicule de toutes sortes d’interprétations contradictoires ou chacun y met sa propre définition.
En réalité, Qu’est-ce qui est beau et qu’est-ce qui est laid ?.
Influences du milieu social, de la culture, de l’époque, de la mode, du sexe, etc. 
Trop de paramètres interdisent de définir ce qui est esthétique.
Nous retombons dans le monde des conventions.
Moi aussi, comme tout un chacun, j’ai mes convictions. Na !

La petite ado mièvre, voilée de bleu, blonde, naïve et visiblement conne, perchée sur un rocher en plastique, avec une cruche à ses pieds et parfois, un petit mouton, est pour moi le comble de l’horreur esthétique!
Née de la fusion de la Vierge Marie, de Blanche-Neige et de la fée Clochette, elle dégouline des vertus cardinales de la veillée des chaumières...disparue.
Cet archétype, vendu dans nombre de catalogues familiaux, voisine avec les grotesques nains de jardin barriolés, les dentelles à fauteuil et les masturbateurs performants, dernière génération.
Navrant ! mais ça plait, puisque ça se vend ...

A l’autre bout de l’échelle esthétique, je proclame qu’une des plus belle création de la vie est le squelette, servant de gabarit à un beau corps de femme ou de cheval de course !
Beauté de la conception, de l’équilibre, du fonctionnement, malgré quelques malfaçons dans la fabrication.
Dommage qu’il ne soit pas en inox poli, avec des articulations plus orientables et sécurisées.
En parallèle, j’y associerais la beauté, la fascinante mobilité, la polyvalence des huit bras de la pieuvre, qui n’étaient à l’origine de son évolution, qu’un modeste pied pour ramper !

Pourrait-on imaginer des bras de pieuvres prolongés par des mains d’homme ?
C’est le programme que je proposerais au “créateur” de la pieuvre,
mais à qui s’adresser ?
D’ailleurs, aurait-elle été plus habile avec ses 40 doigts, sans la présence d’un PC opérationnel dans son cerveau ?

Troisième constatation:
Quelle que soit la performance réalisée, la perfection de l’être créé, le réalisme de son fonctionnement, animé par toutes les découvertes et les expériences des bio-sciences récentes, votre créature restera toujours un être mort, car non-vivant, avec l’éternelle interrogation : Comment lui insuffler LA VIE ?

De la VIE, on ne sait toujours rien.
...Et on n’y peut rien, mais on peut toujours imaginer...
Cette faculté n’est-elle pas le propre de l’homo sapiens ?