lundi 9 juin 2014

Les MOTABOUS




En 2011, j’avais  blablaté sur “les vocables fantômes”...J’ai repris ce texte, toujours d’actualité, en l’enrichissant de quelques notions récentes.

Cachez ces mots que je ne saurais voir !
On les recouvrent d’un voile pudique, alors qu’ils sont parfaitement appropriés.
Ces mots correspondent à des réalités concrètes, que l’idéologie dominante ne veut plus entendre.
L’évolution des moeurs s’accompagne d’une modification du langage avec la création de nouveaux vocables, ou par l’emprunt aux langues étrangères.
On peut constaté que la modification d’une règle sportive, l’apparition d’une nouvelle technique, ou même de nouvelles habitudes, entraînent l’apparition de nouveaux vocables, qui prétendent effacer les anciens vocables, devenus ringards.
Par exemple: les “gamers”, ou encore: les “bikers”.
Plus anciens, mais significatifs, la TSF remplacé par Radio, remplacé par Transistor, revenu à Radio.
C’est dans ce contexte que j’ai pensé créer un nouveau mot pour redéfinir des faits dont le vocable habituel est pudiquement évacué par la “pensée correcte”  dominante.
Ce sont des motabous.

A l’opposé des motabous, des nouveaux vocables apparaissent.
J’ en relèvent deux dont le contenu suggère de vertueuses compromissions:
Le premier est pertinence, lequel figure de plus en plus souvent sur les pages de recherche des sites internet et même sur les catalogues commerciaux !
Le deuxième est inapproprié, le chef d’oeuvre de l’hypocrisie diplomatique, très apprécié des dirigeants du monde.
En gros, cela signifie que l’on n’est pas du tout d’accord, mais qu’on ne veut pas le crier trop fort, parce que cela dérange et obligerait à prendre des décisions forcément im-pertinentes !
Curieusement on n’entend jamais dire qu’une action soit à la fois pertinente et appropriée !

Des exemples de motabous ?
Beaucoup de Français sont « assujettis » à l’ISF , impôt dit de solidarité, que toute l’Europe pragmatique a rejeté.
Cet impôt est un déni du droit de propriété, puisque l’assujetti - beau vocable administratif - est contraint de racheter annuellement ce qui a déjà été acheté et qui a déjà fait l’objet de toutes sortes de taxes !
Cela est d’autant plus perceptible pour les « œuvres d’art » ou les bijoux, souvent achetés par passion ou issus d’un patrimoine familial

Dans le cas de l’ISF, le motabou serait:  LOCATION.
N’hésitons pas à le prononcer. Ce n’est plus une propriété, mais une sorte de location, puisque vous êtes dans l’obligation de payer tous les ans une partie de sa valeur, pour être autorisé à conserver votre bien !
…Avec cette différence paradoxale, que si vous ne pouvez plus payer votre impôt, vous n’avez plus qu’à vendre à un plus riche que vous !
C’est une redistribution vers le haut, ou à l’étranger !

Autre motabou: CARÊME.
On ne l’entend presque plus, sinon prononcé avec timidité et des lèvres pincées, alors que le mot Ramadan fait la une des évènements médiatiques, largement commentés !

Un autre exemple.
C’est le vocable :
COMMUNISME.
On le lit rarement et on ne l’entend plus !
Il semble avoir disparu du langage médiatique et même du langage courant.
Bien sûr, on l’évoque de temps en temps quand on parle de ce groupuscule  passéiste, appelé Parti Communiste ou éventuellement pour évoquer la Chine communiste.
 Pourtant !
Nous sommes rentrés dans une ère dominée concrètement  par la pensée communiste, basée sur le collectivisme versus l’individualisme, et aussi sur la mainmise de l’État sur l’économie, la finance, le mode de vie et de penser !
Tout doit être collectif  !…



 Collectivités, communautarisme, covoiturage, convivialité, communauté, consommateurs (associations), collectifs d’actions revendicatrices, etc…
Sans oublier la mondialisation, but ultime revendiqué à l’origine de l’idéologie communiste. (Cf. le conflit Trotsky/Lénine )
Bien sûr, un  communisme pacifié, teinté d’écologisme naïf et rassurant.
Et aussi de ce que l’on appelait dans un temps lointain : la CHARITÉ  motabou, devenu solidarité !  Charité d’État...
 « L’homme-au-couteau-entre-les-dents » a disparu, remplacé par le Marcel au tambourin et aux bannières festives ?...
Le vocable Communisme se fait rare, mais les faits sont là et la ruche humaine domestiquée n’est pas loin  !

Le programme présenté par Marchais à Mittérand en 1981 a été entièrement appliqué ou en cours !

Autre exemple :
Les « experts » ont découvert – après tout le monde – que la fatigue est une des grandes causes d’accidents de la circulation, ainsi que pour les accidents professionnels ou  ménagers !
Plus récemment ils ont ajouté, à regret, la « somnolence », laquelle effectivement n’est pas forcément liée à la fatigue.
Là-dessus d’autres experts vous balancent des analyses et des recettes hautement scientifiques pour vaincre l’hydre de la somnolence, jusqu’à la surveillance de vos paupières !
En revanche, le motabou, le mot fantôme qu’il doit être inconvenant de prononcer est DISTRACTION, elle-même fille de l’ENNUI.
Somnolence ou pas, c’est la distraction plus que la fatigue, qui guète tout conducteur conduisant (pardon: roulant) à 50 ou 70 Km/h sur plusieurs kilomètres d’une route droite ou sur une autoroute à 110.


 Distraction non seulement provoquée par le contrôle permanent du compteur, le repérage des flics et des radars, les différents écrans visibles, mais aussi par l’attirance toute naturelle vers ce qu’il y a de chaque côté de la route et que, maintenant, il a tout loisir d’observer !

Ces motabous, et quelques autres ne sont pas politiquement “ corrects “
En revanche, vous pouvez toujours vous gargariser en bonne compagnie
avec des mots très tendances tels que : sociétal – incivilité – vintage – buzz -  pays émergents, lesquels ont déjà émergés, puisque le tiers monde, maintenant, c’est nous.
Tiers monde ? Ne serait-ce pas un autre motabou ?

Un mot sur « l’Affaire DSK »
Ce n’était certainement pas une action appropriée !
Mais ces conséquences à court et à long termes, étaient parfaitement prévisibles et pertinentes, dans le contexte politique du moment

Cette modeste immigrée, noire, pauvre, de l’ethnie Peule, qu’elle ait été "instrumentalisée" ou pas, (autre vocable politico-médiatique que l’on se renvoi comme une balle de tennis), a probablement et sans même en avoir conscience, changé le cours de l’ histoire de France !…

La créativité du destin est immense quand il s’agit de mettre des petits cailloux dans les pompes des grands de ce monde, avec toutes les conséquences directes ou imprévisibles dans la destinée d’une nation. !