NON !...tu n'es pas belle...
Inutile de te regarder sous le nez.
Tu es banale, sans grâce, petite tète ébouriffée,
mal coiffée et tu sens rien.
Mais je t'aime.
Tu es arrivée de nulle part.
Un jour on t'as trouvée au bord du ruisseau,
avec quelques copines.
Et puis d'autres sont venues, plus nombreuses,
d'années en années.
Tu es discrète, tu ne demandes rien.
Après ta floraison, tu formes
un joli tapis de petites feuilles denses,
bien propre, genre couvre-sol.
Tu es l'anti-rose, cette prétentieuse redede
qui joue perso.
Toi, consciente de ta modestie,
tu joues collectif. En jaune, pas en rouge !
Pour me remercier, tu as fabriqué des tas
de familles nombreuses.
Il y en a un peu partout !
Comment t'appelles-tu ?
Tu n'en sais rien et moi non plus.
Je m'en fiche !
Tu ressembles à une marguerite.
Mais je n'aime pas ce nom,
ni cette fleur.
Ma grand-mère s'appelait Marguerite.
Ça lui collait comme un gant de chevalier
aux mains d'une harpiste !
Je t'aime parce qu'avec toi, le printemps,
même maussade, comme nous tous,
est d'OR.