mardi 24 avril 2012

HISTOIRE D'UN LOGOTYPE



Histoire du logo 3M

1906












Ce premier logo date des origines d’une société provinciale du nord du Minnesota, créée par deux « lawyers », propriétaires d’une petite mine de corindon de mauvaise qualité.
Pour sauver la société, ils perfectionnèrent les procédés de « coating », c’est-à-dire le couchage d’une couche sur un support.
Cela à permis de fabriquer des abrasifs appliqués autrement dit : du papier de verre et de la toile émeri.
En France, notre société familiale en fabriquait avec du verre et de l’émeri au lieu de corindon.
Dans la foulée, les gens de la Minnesota Mining and Manufacturing co. perfectionnèrent les colles nécessaires à cette fabrication.
Ce fut le point de départ des deux branches à succès de la société : La qualité du processus de « coating » et le développement des colles et adhésifs.

1950
  










Sortie de l’ère de la « manufacture », la société se dota d’un 
logo classique tout simple, plus en rapport avec l’air du temps.

1954 











 Sans doute grisée par son succès et son développement international, 
la couronne de laurier en était l’illustration.

1960
 











 Peu de temps après mon arrivée dans la « boîte », la société était passée du stade de Société Internationale à Société Multinationale , ce qui ne signifie pas grand chose à nos franchouillards d’aujourd’hui, mais était un facteur d’une très grande portée : C’est-à-dire qu’une importante délégation de pouvoir était octroyée aux responsables des différentes filiales dans le monde. 
(sauf dans le domaine technologique).
Assistant du service des achats, où je m’ennuyais, mais totalement motivé par les problèmes d’image et de publicité, à travers les achats d’emballages et de présentoirs  dont j’avais la charge.
Par délégation tacite de la direction, car il n’y avait aucune structure établie en France et peu de chose à St Paul (nouvelle Mecque de la Société), je proposais une légère modification du logo international, afin de le rendre plus dynamique.
Ce fut accepté et, dans la foulée, j’élaborais un système complet régissant l’image globale de 
la filiale française, y compris la rénovation du siège social lui-même.
Et ce fut mon début dans cette carrière.
La Réclame devenait Publicité pour évoluer vers la notion de Communication globale, mon credo.

1961








Mon déviationnisme devenant envahissant dans la sphère internationale de la société, les Américains trouvèrent sans doute qu’ils avaient été un peu trop loin dans ces délégations de pouvoir, car certaines filiales faisaient un peu n’importe quoi dans ce domaine !
Ils prirent une décision à l’américaine !
Un contrat fut signé avec un des grands « designer » internationaux : Brook Stevens qui fut chargé de bâtir une « bible » concernant la totalité des éléments de l’image de la société, devenue 3M Company.
Moi-même, devenu Coordinateur européen de la communication, avec mon équipe musclée « à service complet », d’une centaine de cadres et d’employés, je fut chargé de vendre le bébé à l’ensemble des filiales européennes.
Passionnante et difficile expérience !
Toute la philosophie du système était basé sur la structure des tableaux du peintre Mondrian, avec l’adoption de « patterns », style «plaid écossais Scotch » qui identifiait les différentes branches de produits.
Malheureusement, cette bible ne fut jamais achevée, et mes tentatives pour la compléter se heurtèrent aux nouvelles tendances centrifuges des jeunes cadres du marketing. 
(mai 68 !)

1978







Vieillissant, critiqué par son aspect araignée, le logo et tout le système fut remis en question.
C’était le début de la notion de « small is beautiful », qui s’opposait à l’esprit « big is great » 
des années glorieuses.
Un nouveau cabinet de design fut mis à contribution, qui pondit une bible hyper simple, basée 
sur la police Hélvética et la couleur rouge.
Depuis, rien n’a varié…
Et 3M a pratiquement disparue de la sphère médiatique…. « economy drive » oblige.

Nota : Il est intéressant de noter que tout le système Mondrian de Brook Stevens était aussi construit pour une application simple et rapide à l’élaboration de documents par les logiciels de traitement de textes et de mise en page de l’époque.
Mais cet aspect primordial avait été occulté et je l’ai découvert en concevant moi-même des notices, brochures et doc. administratifs.
D’ou un travail de pédagogie difficile, dans un milieu peu concerné et verrouillé par les services internes d’IBM, fondamentalement hostiles à toute informatique personnelle.