jeudi 28 février 2013

L'HÔTEL

Je suis sur une place publique
à Paris.
Cela pourrait être la place de La République,
avec rien au centre.
Peut-être aussi la place devant la gare Saint Lazare.
Il y a foule, dense, compacte, agitée.
De grands mouvements la parcourent.
Je crois que tout le monde danse.
Les bras levés ondulent comme des posidonies,
au rythme d’une musique inexistante.
Aucun bruit.
Aucune voiture.
C’est l’ère Delanoë.
Je suis là, parce que j’ai participé à un “séminaire”
organisé dans un hôtel moderne du quartier.

Après la séance, fastidieuse, nous sommes sortis.
Avec mes collègues, nous avons baigné dans cette foule
et bus quelques bières.
Les autres sont rentrés. Je suis resté seul,
j’ observe cette foule.

Et puis, j’ai voulu retourner à l’hôtel.
Dormir, après ce séminaire fatigant pour le psy.
Rentrer, mais où ?

De cette place, partent deux grandes avenues, vers le Nord-Est.
L’une s’appelle le boulevard Haussmann.
L’autre, plus au sud, je ne me souviens plus.
Mon hôtel est sur l’une d’elle, mais laquelle ?
Je ne m’en souviens plus, non plus.

Je parcours l’une des avenues, assez courte d’ailleurs.
Et puis l’autre.
Je vais, je viens, je recommence et ne reconnais rien.
Pas trace de mon hôtel !
Je commence à paniquer.
Cette foule...

J’entre dans une sorte de halle cash & carry,
de fruits et légumes.
A la caisse, un grande bringue sévère, mais gentille.
Je lui explique.
Elle compati et coopère.
Elle me réclame mes clés de voiture !
Pourquoi ?
Pour votre déclaration. On va faire une copie.
Mais je n’ai pas perdu ma voiture...
C’est mon hôtel que j’ai perdu !
Docile, je lui tends ma clé.
Sa caisse se transforme aussitôt en une sorte de laboratoire,
avec fioles, pipettes, éprouvettes, flacons, instruments.
Tout le monde regarde.
Je me sent idiot.
On enrobe ma clé dans une résine transparente et visqueuse.
Tout le monde est content.
L’opération a parfaitement réussi.

Je n’obtiens aucune explication, car la grande bringue
est appelée ailleurs par son portable.
Elle est remplacée par une très jolie fille aux cheveux noirs,
qui s’obstine à me parler en allemand !
Je ne comprends rien... et me retrouve sur le trottoir,
avec ma clé visqueuse.

Je n’ai jamais revu mon hôtel.
Cela n’avait aucune importance, car je me suis réveillé.
En sueur.
Ouf !

Rêve...cauchemar ?
Un peu des deux.
Tri virtuel des menus incidents de la veille, cimenté par
une pseudo logique incontrôlée.
Mais là, impossible de trouver la moindre corrélation entre
 les épisodes de ce rêve et leurs sources éventuelles !
Sauf.
Sauf cette foule omniprésente, ni hostile, ni vraiment joyeuse,
probablement issue du film “Ocean’s eleven”,
vu quelques jours auparavant.
Mais d’où vient tout le reste ?

Et cette fille qui me parle en allemand ?
D'où vient-elle ?
Peut-être parce que ce film étrange m’a évoqué
inexplicablement les expériences du médecin-bourreau
des camps de la mort, le Dr.Mengele !...
Pourquoi et comment mon cerveau a pu rassembler
ces éléments partiels et disparates pour en faire
un semblant de conte virtuel,
lequel m’a été “imposé” en quelque sorte ?

Et comment ai-je pu voir ces éléments reconstitués ?
Aucun écran, ni pixels n’ont été détectés dans la cervelle !
Et pourtant, ,je l’ai ai vus, ce labo inexistant et cette grande,
froide et sombre halle aux légumes !...
Quel est le support de cette vision ? De ces images...

La même question peut d’ailleurs se poser pour la musique.
Comment puis-je composer dans ma tête et entendre
une musique que je suis incapable de transcrire, ni par la voix,
ni par un instrument quelconque et que j’entend dans ma tête,
sans émettre le moindre son !
Et que je peux même moduler à ma guise !
Peux-être qu’un jour on pourra retranscrire sur un
support matériel ce que le cerveau “voit” ou “entend”,
 y compris les rêves...

Dire que tel individu a beaucoup d’imagination, prouve à
mon sens qu’il perçoit mieux que d’autres les cogitations
de sa cervelle;
C’est ainsi que naît le MYTHE.