samedi 27 octobre 2007

Sur cette planète-là, on pouvait griller une pipe sans subir des interdictions et des regards réprobateurs. Piloter une voiture était un vrai plaisir. Le code disait « rester maître de sa vitesse », en fonction de la route et de son style de conduite. On ne regardait pas son compteur en permanence, une signalisation abusive et les pièges tendus par la maréchaussée. On n’était pas ligoté sur son siège, avec la menace de recevoir en pleine gueule un ballon gonflé !... ou de s’endormir.
Sur cette planète-là, on pouvait acheter un produit et lire un mode d’emploi compréhensible, sans subir d’abord les affres d’un dictionnaire des dangers potentiels liés à l’utilisation du produit… À vous décourager de l’utiliser !
Sur cette planète-là, personne ne vous obligeait à porter un casque, un gilet de sauvetage, de passer brevets et diplômes pour pratiquer la moindre activité ludique.
On pouvait même admirer une jolie fille sans risquer un tribunal et même lui rendre un hommage consenti sans s’équiper de la fameuse protection britannique suspicieuse.

Plus insidieusement, on ne subissait pas une ribambelle de « recommandations » dont le non-respect vous culpabilise, qui se résume à des restrictions de toutes sortes : énergie – eau – consommation, alimentation, mode de vie et qui préfigurent des restrictions futures et de nouveaux oukases réglementaires…
Quand à la santé de cette planète elle-même, qui s’en souciait, à part quelques gourous illuminés nommés « écolos » et pas encore terroristes !

Bref, je me retrouve sur une nouvelle planète dont la société a pour devise : « small is beautiful » et dont les gens se transforment en cloportes complices et obéissants.
Alors pourquoi irais-je sur Mars ?
- As-tu connu d’autres planètes ?
- Oui. Ce n’est pas la première fois que je change de planète… C’est même la quatrième fois !
À vrai dire j’ai maintenant la certitude que l’on change de planète à peu près tous les 25 ans. Ce n’est pas une évolution continue, mais des sortes de mutations brusques, des saccades de l’histoire.
Ma première était celle de “l’après 14/18“ dont elle était imprégnée. C’était la planète du fer, de la fonte, du charbon, du cocorico aveugle et glorieux, de « l’empire » en violet sur les cartes de l’école, des métastases socialistes sous ses formes diverses et revanchardes. La montée de tous les périls !
Après le Grand Massacre, j’atterrissais sur ma deuxième planète en même temps que les Américains et leurs « belles américaines » ruisselantes de tous leurs chromes : Plan Marschal, coca-cola, blousons de cuir, l’american-way-of-life progressait de jour en jour. On ne l’aimait pas, on le critiquait, mais on l’adoptait.
C’était « l’ère des managers », qui façonna mon esprit “entrepreneurial“ et m’initia à la dynamique des groupes.
Planète heureuse des Trente Glorieuses (en réalité une vingtaine !).
Être Cadre signifiait quelque chose.
Tout progressait, malgré d’autres menaces et d’autres guerres.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est sûr que de demander à un mode d'emploi d'être non seulement compréhensible mais en plus compréhensif ça fait beaucoup pour notre époque!!

Anonyme a dit…

TOUCHÉ !... merci
je corrige.