samedi 31 octobre 2015

Casanova


Le Chevalier de Seingalt
Le connaissez-vous, pour-de-vrai, en dehors de Fellini ?
                               
je me suis régalé en regardant le reportage sur Casanova, dans l'émission toujours passionnante de S.Bern.
Surgissent toutes les anecdotes extraites des 12 volumes de ses mémoires, de ma bibliothèque,  que j'ai lu avec délectation il y a quelques 40 ans !
Ma conclusion reste la même : La langue française est une langue morte.
Qui oserait maintenant rédiger un texte ou tout est dit ou suggéré dans une phrase aussi élégante que désuète ?
Le français d'aujourd'hui est comparable au globish anglais:
Langue utilitaire, truffée d'apports étrangers et de mots "technologiques" tout juste compris par les initiés, avec des contre-sens inaperçus et un vocabulaire appauvri !
Et ce sempiternel “Voilà” qui remplace tout ce que l’on a envie de dire, mais qu’on ne sait exprimer...

Ce dix huitième siècle européen était au sommet de la civilisation occidentale et l'Europe était un fait.
Non pas une Europe artificielle, politique ou administrative,
et encore moins  populaire, mais essentiellement aristocratique.
Le français était parlé dans toutes les cours européennes, accompagné d'une même culture et des moeurs assez semblables.

Que ces moeurs soient assez dissolues, c'est avéré, mais la débauche avait un tel raffinement, qu'elle s'apparentait à de l'art !
Et Casanova en était la plus vivante illustration.

Il sillona toute l’Europe en carrosse, allant de séductions en conquêtes, de protecteurs en protecteurs, de prisons en prisons, arnaquant et trichant deci-delà et accessoirement introduisit la Loterie Royale  en France.
Tout cela avec une parfaite élégance, veillant au plaisr de ses femmes plutôt qu’à son propre plaisir.


“Le seul système que j’eus est de me laisser aller où le vent qui soufflait me poussait.”

       De son enfance, ll écrit :     

“...je ne voyais par la même fenêtre que le sommet des arbres dont la rivière était bordée. La barque voguait d’un mouvement si égal que je ne pouvais le deviner, ... ah ! ma chère mère, qu’est-ce que cela ? les arbres marchent !”
“ ...c’est la barque qui marche et non les arbres. Habille-toi.”
“...il se peut donc, que que le soleil ne marche non plus et que ce soit nous au contraire qui roulions d’occident en orient.”
“Ma bonne mère, à ces mots, crie à la bêtise.”
“Je reste consterné, afflgé et prêt à pleurer.”
“Monsieur B. vint me rendre l’âme : Tu as raison, mon enfant, le soleil ne bouge pas, prend courage, raisonne toujours en conséquence, et laisse rire.”
“...le philosophe, sans même lui répondre (à ma mère) continua à m’ébaucher une théorie faite pour ma raison pure et simple. Sans B....aurait émoussée en moi le tranchant d’une faculté par laquelle je ne sais pas si je suis allé bien loin; mais je sais que c’est  à celle-là seule que je dois tout le bonheur dont je jouis quand je me trouve vis-à-vis de moi-même.”


Et sur Dieu et l’univers : 

Les hommmes, avant ce malheur ( le déluge) vivaient mille ans et Dieu conversait avec eux...et la terre suspendue, tenait ferme au centre de l’univers que Dieu avait créé de rien.
Quand je lui disais et que je lui prouvais que l’existence du rien était absurde... il me disait que j’étais un sot.

L’art de la séduction, ou des séduites ...
pré-consentantes !

... Ménageant les approches, comme si j’avais craint de l’éveiller, je commençai par flatter ses sens; et dès qu’un mouvement naturel m’eut fait sentir que l’amour agréait l’offrande, je me mis en devoir de consommer le sacrifice.
...et l’amour confondit nos âmes dans une égale volupté.
...levons-nous, mes amies, leur dis-je, et jurons-nous une amitié éternelle.” (Tu parles !)

Des femmes:            

“ ...ces demoiselles étant nobles et fort honnêtes, le hasard qui les avait mises entre mes mains ne devait pas leur devenir fatal...je n’avais pas la fatuité de croire qu’elles m’aimaient, mais je pouvais supposer que mes baisers avaient fait sur elles le même effet que les leurs avaient fait sur moi...il ne me serait pas difficile...de les faire consentir à des complaisances dont les suites pouvaient devenir très décisives.

Sur les femmes, Il écrivit aussi :

”De même que les hommes qui ont lu beaucoup de livres finissent par vouloir lire des livres nouveaux, fussent-ils mauvais, un homme qui a connu beaucoup de femmes, toutes belles, finit par être curieux des laides, lorsqu’il les trouve
neuves.”

De la langue            

“Trouvant ridicule qu’elle me parlât français, je lui dis que je ne comprenais pas cette langue... étonnée que je ne susse pas le français, elle me dit d’un air mortifié que je ferais mauvaise figure chez elle  où l’on ne parlait guère d’autre langue.”

“...L’idée me vint qu’il devait avoir honte de parler italien parce qu’il était Calabrais.”

“Cosenza  (Calabre). les romains n’avaient pas été injustes en les nommant  Brutes au lieu de Brutiens...ce n’était pas là la terre promise de la mitre.
...il me dit que dans tout son diocèse il n’y avait positivement personne qui pût se vanter de bien écrire...qu’il n’y avait pas un seul véritable libraire.
J’eus l’occasion de voir tout le clergé... il me sembla voir un troupeau de brutes ... Quelle laideur dans les femmes ! quel air stupide et grossier dans les hommes !...
... Donnez-moi votre bénédiction et mon congé.

“... Ses sermons étaient farcis de passages tirés des auteurs grecs qu’il traduisait en latin... m’étant avisé de lui dire que c’était en italien qu’il devrait les traduire, parce que les femmes n’entendaient pas plus le latin que le grec.
Il se fâcha...
...Il me vantait à ses amis, parce que j’avais appris à lire le grec tout seul, sans autre secours que celui de la grammaire.
Après ce temps, je passai encore un an à Padoue,occupé à étudier les droits, dont je fus reçu docteur à l’âge de seize ans.”

De l’amour

“Deux heures se passèrent dans les plus doux transports.
A la fin, charmés et satisfaits l’un de l’autre, nous regardant de l’air le plus tendre, nous nous écriâmes ensemble :
Amour, je te remercie !”

      
           


    On  raconte que,  présenté à la Pompadour,  qui lui dit :
   “ah ! Monsieur, vous venez de Venise...
   de là-bas ?
   Il répondit : ”Non, Madame, de là-haut !”

A lire en écoutant Barry Lyndon

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